dimanche 28 juillet 2013

Attentat à Boddh Gaya - Aux sources de l'extrémisme Bouddhiste


BOUDDHISME Aux sources de l’extrémisme - 
Deux articles indiens et thailandais publiés par le courrier International
Cette religion est généralement associée à la non-violence. Pourtant, de la Birmanie à la Thaïlande, en passant par le Sri Lanka, des moines et des groupes religieux prennent les armes et attaquent des musulmans, vandalisent leurs commerces, brûlent les mosquées.
Epicentre du phénomène : l’ouest de la Birmanie, oùtoutacommencé,enjuin2012.Depuis,les représailles se multiplient dans les pays de la région, où musulmans et bouddhistes se côtoient depuisdessiècles.Partout,lesraisonssont locales, liées à l’histoire des communautés, à des considérations politiques et à la pauvreté. Lephénomènetouchedésormaisl’Inde,où dix bombes ont explosé à Bodh-Gaya, lieu saint du bouddhisme. La presse régionale donne quelques clés pour comprendre cette flambée de violence.

Inde – Une déferlante islamophobe
L’Inde s’inquiète des répercussions humanitaires et sécuritaires des attentats qui ont frappé le sanctuaire bouddhiste de Bodh-Gaya. 

C’est la paix qui règne à Bodh-Gaya [lieu sacré du bouddhisme aujourd’hui dans l’Etat indien du Bihar] qui a permis à Bouddha d’atteindre l’éveil. Ses disciples y affluent du monde entier chaque année par millions. Cette paix a été rompue et le temple défiguré par l’explosion de dix bombes de faible puissance qui ont blessé deux moines. Trois autres engins ont heureusement été désamorcés. Qui aurait pensé que ce sanctuaire serait un jour ensanglanté par la violence ? C’est pourtant ce qui s'est passé tôt le matin du dimanche 7 juillet.
Le bouddhisme repose sur la non-violence, mais le fondement spirituel de leur religion n'a manifestement pas empêché des bouddhistes de devenir violents. Ni ces derniers temps ni par le passé. Les sinistres Khmers rouges ont fait leur apparition dans un milieu bouddhiste. Pol Pot avait été moine bouddhiste dans sa jeunesse. Et ce n'est pas la première fois en Birmanie que des moines approuvent la violence en tant que tactique. Au Sri Lanka également, les liens entre la violence et le bouddhisme remontent loin dans l'histoire.
Pour le cinéaste tibétain Pema Dondhup Gakyil, les bouddhistes sont tout simplement des personnes comme les autres. Son film de 2004 We're No Monks [Nous ne sommes pas des moines] remet en cause le stéréotype du bouddhiste non violent. "La question que pose mon film, c'est : combien de temps quelqu'un peut-il rester patient ?" explique-t-il. La patience est une chose qui commence à manquer également dans le royaume bouddhiste de Thaïlande.
L'insurrection musulmane dans le sud du pays a fait 5 000 morts depuis 2004. Certains bouddhistes de la région, y compris des moines, ont pris les armes et formé des milices pour se défendre.

Pas de scrupules.
Beaucoup essaient encore de comprendre pourquoi le bouddhisme, une religion généralement associée à la non-violence, a été pris pour cible à Bodh-Gaya. L'explication de ces attentats se trouve peut-être dans le voisinage de l'Inde, à deux mille kilomètres à peine, en Birmanie. Là-bas, une nouvelle forme de bouddhisme se répand, forçant les musulmans à s'enfuir pour se protéger. Pour ses adeptes, être birman, c'est être bouddhiste. Ils préfèrent s'armer de machettes que de prières. Ils n'hésitent pas à battre des musulmans à mort. Et n'ont aucun scrupule à incendier leurs maisons. C'est un conflit qui a de quoi inquiéter l'Inde. Non seulement il crée une situation qui pourrait conduire l'Inde à faire face à un afflux de réfugiés musulmans rohingyas, mais il est à craindre que les choses ne s'enveniment également dans notre pays. Les enquêteurs indiens chargés de l'attentat du 7 juillet à Bodh-Gaya n'écartent pas la possibilité qu'il ait été commis par des groupes islamistes extrémistes en représailles aux violences islamophobes en Birmanie. Si l'on peut mettre en doute cette thèse par trop rebattue, on ne peut nier que le conflit qui déchire la Birmanie soit très grave.
La piste d'une connexion pakistanaise est également explorée, en raison des efforts déployés par le Pakistan dans les forums internationaux (comme les sommets de l'Organisation de la coopération islamique) pour attirer l'attention sur la situation critique des Rohingyas. Un attentat comme celui de Bodh-Gaya peut en effet pousser la communauté internationale à s'intéresser à cette communauté musulmane, et en même temps, créer une nouvelle instabilité et de nouvelles dissensions dans la société indienne. Par ailleurs, le gouvernement indien est aussi préoccupé par le bouddhisme extrémiste au Sri Lanka, où les tensions entre la communauté majoritaire et la minorité musulmane sont également exacerbées. A la différence de ce qui se passe en Birmanie, où le gouvernement donne au moins l'impression d'essayer de limiter les violences islamo-phobes, les extrémistes bouddhistes du Sri Lanka bénéficient du soutien de certaines personnalités politiques de premier plan. Mais l'ancien ministre [indien] des Affaires étrangères Kanwal Sibal ne croit pas à une montée généralisée de l'extrémisme bouddhiste. "A la différence de l'islam, le bouddhisme extrémiste n'a pas de composante pan-bouddhiste", explique-t-il.
Pour Gyana Ratna, maître de conférences à l'université de Chittagong [au Bangladesh], ces divers conflits sont alimentés principalement par des facteurs non religieux, tels que l'insuffisance du développement économique. Cela est particulièrement vrai en Birmanie, où la pauvreté est omniprésente et où des griefs économiques ont déclenché le conflit. L'une des principales explosions de violence islamophobe est partie d'une dispute sur le prix d'un bijou dans une boutique appartenant à un musulman. Pour revenir en Inde, plusieurs agressions de bouddhistes par des islamistes ont été rapportées à Chittagong. Il en résulte un ressentiment croissant chez les jeunes bouddhistes, qui réfrènent leur envie de se venger davantage parce qu'ils sont minoritaires que parce qu'ils croient en la non-violence. "Je pense que cette violence entre l'islam et le bouddhisme cessera une fois que les facteurs locaux auront été traités", affirme Ratna, avant d'ajouter qu'il croise quand même les doigts.
Debarshi Dasgupta, Pranay Sharma Publié le 22 juillet - New Delhi - Source : Courrier International

 MOINES ET MILITAIRES Aux sources de l’extrémisme
Un groupe bouddhiste extrémiste attise depuis un an les sentiments antimusulmans en Birmanie. Mais l'antagonisme religieux a été instrumentalisé par la junte militaire depuis 1962.
—The Irrawaddy
(extraits) Chiang Mai (Thaïlande) De Mawlamyine, Etat Mon


Ill est presque 20 heures à Mawlamyine, la capitale de l'Etat Mon, dans le sud de la Birmanie. Le moine bouddhiste Wimala Biwuntha est sur le point d'arriver au temple du quartier d'Aut Kyin pour prononcer un sermon. Sa réputation d'orateur charismatique le précède: pourtant, seulement 100 personnes sont rassemblées dans la salle principale et le même nombre, principalement des enfants, à l'extérieur. Quelques minutes plus tard, Wimala Biwuntha apparaît. Il commence son discours par une mise en garde inquiétante : "Nous, les bouddhistes, nous sommes comme les passagers d'un bateau en train de couler. Si les choses ne changent pas, notre religion va bientôt disparaître. Le sermon de ce soir va porter sur 969." Il fait une brève pause, puis demande : "De quoi va parler le sermon de ce soir ?" "Du 969", répond l'audience. "De quoi va-t-il parler ?" répète-t-il dans le microphone en haussant la voix. "Du 969 !" "Plus fort ! Vous devez le dire plus fort ! Peu importe si vous faites tomber ce Dhamma Yone [salle destinée aux rassemblements religieux], nous le reconstruirons !"
La scène évoque plus un meeting politique qu'un sermon bouddhiste. Mais elle n'est pas surprenante : Wimala Biwuntha est connu pour être un moine extrémiste et l'un des principaux défenseurs du 969, un mouvement qui a beaucoup fait parler de lui ces derniers mois non seulement dans le pays, mais dans le monde entier. Considéré comme un mouvement bouddhiste nationaliste et extrémiste, il est lié aux récentes manifestations de violence islamophobe qui ont secoué le centre du pays et dont beaucoup craignent qu'elles ne se transforment en un conflit à l'échelle nationale. [Depuis juin 2012, diverses émeutes antimusulmans ont secoué plusieurs régions du pays, faisant des centaines de victimes.]
"Vous devez vous rappeler que le 969 existe depuis deux mille six cents ans, poursuit-il d'une voix tonitruante. Le christianisme est né six cent vingt ans plus tard et l'islam plus de mille ans après. " [L'appelation 969 fait référence aux neuf attributs du Bouddha, aux six attributs de son enseignement et aux neuf attributs de la communauté des moines, appelée Sangha. Les Birmans sont friands de numérologie.] Il reconnaît cependant que son mouvement jouit d'une notoriété récente. "Certains me demandent : 'Est-ce légal ?' Je ne sais même pas comment répondre à cette question. Le Bouddha est-il légal ? Nous, les moines, nous sommes légaux, n'est-ce pas ?"

Boycott.
Il affirme que 969 est non violent et repose uniquement sur le boycott des commerces appartenant aux musulmans et portant le nombre 786, utilisé en Birmanie pour signaler les boutiques et les restaurants halal [en numérologie, ce nombre représente une phrase du Coran].
"Nous n'avons jamais parlé de frapper ou de tuer les gens d'autres religions, insiste-t-il. Le Bouddha nous a appris qu'il ne fallait tuer aucune créature vivante, et encore moins les personnes ou les membres d'autres religions." Si ces paroles devaient rassurer les musulmans, qui constituent approximativement la moitié de la population du quartier, elles ont échoué.
Les musulmans ne sont pas les seuls à trouver inquiétante la façon dont le mouvement 969 cherche à instiller dans le cœur des bouddhistes la peur d'une prétendue conspiration musulmane afin de chasser l'islam du pays, où il s'est solidement enraciné depuis le rxe siècle..
"On aurait cru entendre Hitler", n'a pas hésité à dire Htun Than, un bouddhiste de 57 ans, ancien candidat aux élections de 1990, après avoir entendu le sermon. "Si son groupe devient plus fort, ce sera un gros problème. " Kyaw Kyaw, une autre personnalité politique locale appartenant au principal parti d'opposition, partage son avis. "Vous avez entendu la rengaine : 'Nous ne devons pas rester immobiles. Si nous restons immobiles, notre religion disparaîtra.' Que veut-il dire par là ? Ils ne font que perturber les gens. Cela doit cesser."
Kyaw Kyaw rappelle que le mouvement ultra bouddhiste est né en 1997 avec la publication d'un opuscule de quarante pages intitulé 96g à Mawlamyine, une ville connue depuis toujours comme un centre important du bouddhisme birman. Ce court manifeste invitait les bouddhistes à arborer le nombre 969 sur la porte de leur maison, la devanture de leur commerce ou le pare-brise de leur voiture. Il ne critiquait aucunement les autres religions, mais appelait simplement les croyants à bien se conduire et à s'entraider.
Quelques années plus tard, une autre brochure porteuse d'un message ouvertement antimusulman commença à circuler. Elle insistait toujours sur la nécessité d'avoir une conduite irréprochable, mais certaines de ses dix-sept recommandations pour protéger le bouddhisme encourageaient la discrimination active à l'égard des musulmans. Ce texte, dont la publication n'a jamais été autorisée, disait que les bouddhistes devaient employer la stratégie des "trois ruptures" avec les musulmans : il fallait rompre les liens commerciaux, empêcher les mariages mixtes et cesser toute relation sociale avec eux, y compris les conversations anodines. Mais elle n'allait pas jusqu'à conseiller la violence.
Le mouvement 969 est peut-être un phénomène relativement récent, mais l'intolérance n'a malheureusement rien de nouveau dans le pays. Si la religion est parfois considérée comme un facteur contribuant à ce problème, beaucoup d'observateurs regardent plutôt ailleurs, vers les politiques de l'Etat qui exploitent depuis longtemps les différences religieuses et ethniques pour conforter l'emprise des militaires sur le pouvoir. "Le vrai coupable est Ne Win, pas le 969 ", affirme Htun Than, le politicien qui s'est présenté aux élections en 1990.

Discrétion d'AungSan Suu Kyi.
Il rappelle que les musulmans ont été traités sur un pied d'égalité en Birmanie jusqu'à ce que le général Ne Win s'empare du pouvoir, en 1962, avec un coup d'Etat sanglant, inaugurant ainsi un demi-siècle de dictature militaire. Htun Aung accuse pour sa part les politiques menées par l'ancien parti au pouvoir, le Parti du programme socialiste birman (PPSB) [émanation de la junte au pouvoir], d'avoir attisé la méfiance entre les différentes communautés religieuses. "Le PPSB a fait de la discrimination fondée sur la religion une politique officielle et a contraint les musulmans à compter de plus en plus les uns sur les autres pour se soutenir", explique-t-il. Cela, ajoute-t-il, a engendré un ressentiment croissant parmi les bouddhistes, qui ont fini par voir les musulmans comme des gens différents. Après la vague de violence islamophobe, le président Thein Sein a promis de protéger les droits des musulmans. Mais, pour Myint Lwin, professeur à la mosquée Moree de Mawlamyine, la position du gouvernement sur le sujet est loin d'être claire. Lorsque je lui ai demandé s'il avait été déçu que la présidente de la Ligue nationale pour la démocratie et lauréate du prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi, ne se soit pas exprimée davantage sur les violences contre les musulmans, il a répondu qu'il était probablement mieux qu'elle n'ait pas pris leur défense. "Nous voulons qu'elle en dise le moins possible sur le sujet. Mais nous savons qu'elle est triste pour nous", explique-t-il. Il est persuadé que la situation s'améliorerait si Mme Aung San Suu Kyi était élue à la présidence.
En attendant, les musulmans de Birmanie se préparent à subir d'autres violences.
KyawZwa Moe
Publié le 22 juin - Source Courrier International

mercredi 10 juillet 2013

Un enseignement de Dipa Ma

Je demandai à Nani (Dipa ma) :
"J'ai entendu dire que tu enseignes Vipassana, qu'est-ce que c'est ?"

Elle m'expliqua puis me dit : "Avant j'étais comme toi, je souffrais beaucoup, je sais que tu peux faire en sorte de devenir libre."
Je lui dit : " J'ai tellement de choses à penser avec ma mère et mon fils et m'occuper de de la famille et le travail à la boulangerie. ce n'est pas possible pour moi de pratique ce vipassana."
" Tu crois ? Quand tu penses à ton fils ou à ta mère, penses-y avec une attention consciente ("mindfully"). Quand tu fais ton travail à la maison, fais-le avec une attention consciente. En tant qu'être humain, ce ne sera jamais possible pour toi de résoudre tous tes problèmes. Les choses que tu dois faire dont tu souffres, apporte-y ton attention consciente."
"Mais entre ma boulangerie et ma famille, c'est impossible que je trouve même cinq minutes pour méditer."
"Si tu peux te débrouiller pour trouver cinq minutes par jour, alors fais-le. c'est important de faire ce qu'on peut, si peu que ce soit."
"Je sais que je n'arriverai pas à trouver cinq minutes, c'est impossible !"
Nani me demanda si je pouvais méditer avec elle, de temps à autre, pour cinq minutes. Aussi je m'assis avec elle pour cinq minutes. Elle me donna des instructions pour la méditation, quand bien même je disais que je n'avais pas le temps.
D'une façon ou d'une autre, je trouvai cinq minutes par jour et je suivis ses instructions. Et je me sentis tellement inspirée par ces cinq minutes. Je faisais ces cinq minutes, et petit à petit de plus en plus.
La méditation devint ma priorité. Je voulais méditer autant que je le pouvais. J'arrivai à trouver de plus en plus de temps pour méditer et bientot je méditais plusieurs heures par jour, pendant la nuit, parfois toute la nuit après avoir fait mon travail. Je trouvai l'énergie et le temps que je ne savais pas que j'avais." Sudipti Barua

Source Bouddhisme au féminin.