dimanche 22 décembre 2013

Tara, symbole de la compassion

La compassion incarnée dans un corps féminin, c'est Kwan Yin en Chine, Kannon au Japon, Tara dans le bouddhisme tibétain.



D'où vient  la légende de Tara ? C'est ce que nous découvrons dans ces extraits de sagesses bouddhistes.

dimanche 8 décembre 2013

Upasika Kee Nanayon : ses enseignements












Enseignements de Upasika Kee Nanayon -



 

 


1 - Généralités sur la méditation


 


Cette pratique qui est aisée à apprendre donne des résultats immédiats et convient en tous temps et en tous lieux, et pour des personnes de tout âge, quel que soit leur sexe. Il s'agit d'étudier à l'école de ce corps et de l'esprit qui le commande...
Se former à la pratique ne signifie pas seulement étudier, écouter ou lire. Vous devez pratiquer de sorte à voir clairement avec votre propre esprit les étapes suivantes : Commencez par écarter toutes les préoccupations extérieures et par vous tourner vers l'intérieur, vers votre propre esprit, jusqu'à ce que vous sachiez de quelle façon celui-ci est clair ou embrumé, calme ou agité.
Pour y parvenir, utilisez la vigilance et restez alerte tandis que vous êtes conscient du corps et de l'esprit, jusqu'à ce que vous ayiez entraîné l'esprit à demeurer fermement dans un état de normalité ou neutralité. Une fois que l'esprit peut demeurer dans un état de normalité, vous verrez les fabrications mentales et les préoccupations dans leur état naturel de surgissement et de disparition. L'esprit sera vide, neutre et tranquille – ni plaisant ni déplaisant – et verra les phénomènes physiques et mentaux quand ils surviennent et s'évanouissent naturellement, d'eux-mêmes.
Quand la connaissance qu'il n'y a aucun « moi » dans aucun de ces phénomènes sera devenu parfaitement claire, vous rencontrerez quelque chose qui se situe au plus profond de vous même, au-delà de toute souffrance et de tout stress, libre du cycle du changement, libre de la naissance aussi bien que de la mort, car tout ce qui est né doit, par nature, vieillir, se dégrader et mourir.
Quand vous verrez cette vérité clairement, l'esprit sera vide, ne s'accrochant à rien. Il ne se regardera même pas lui-même en tant qu'esprit ou quoi que ce soit.
En d'autres mots, il ne s'accrochera pas à lui-même comme étant quelque chose.


Tout ce qui demeurera sera la pure condition du Dhamma. Ceux qui voient cette pure condition du Dhamma dans sa pleine clarté deviennent rebutés par les souffrances répétées de la vie. Quand ils connaissent parfaitement la vérité du monde et du Dhamma, ils voient clairement, juste dans l'instant présent, qu'il existe quelque chose qui demeure au-delà de toute souffrance.


Et ils savent cela sans avoir à demander ou à croire sur la foi de quiconque, car le Dhamma est quelque chose à connaître par soi-même. Ceux qui auront connu cette vérité l'attesteront toujours.



2 - Méditation sur le souffle


Beaucoup de gens sont gênés de parler de leurs propres défauts mais n’ont aucune gêne à parler des défauts des autres. Ceux qui sont prêts à admettre leurs problèmes – ces pollutions mentales qui obscurcissent leur esprit – de manière simple et directe, sont très peu nombreux. En conséquence, la maladie des pollutions mentales est tue, gardée secrète, de sorte que nous ne réalisons pas à quel point elle est grave et étendue. Nous en souffrons tous et pourtant personne ne veut en parler ouvertement. Personne n’essaie vraiment de diagnostiquer ses propres pollutions mentales…
Nous devons trouver une stratégie intelligente si nous voulons éradiquer cette maladie et nous devons pouvoir aborder le sujet ouvertement, reconnaître nos défauts, depuis le plus évident jusqu’au plus subtil, en les disséquant jusque dans leurs plus petits détails. Ce n’est qu’alors que nous bénéficierons de notre pratique. Si nous nous observons de manière superficielle, nous penserons peut-être que nous sommes très bien tels que nous sommes, que nous savons déjà tout ce que nous avons besoin de savoir. Mais quand les pollutions mentales se déchaînent sous forme de colère ou d’incompréhension, nous prétendons que tout va bien… et c’est ainsi que les pollutions mentales deviennent une maladie cachée, difficile à saisir, difficile à diagnostiquer…
Nous devons être forts pour repousser les pollutions mentales, les désirs et toutes les formes d’ignorance de la réalité. Nous devons éprouver notre force face à eux et les assujettir. Si nous pouvons les assujettir, nous pouvons les dominer. Sinon, ce sont eux qui nous domineront, qui nous mettront à la tâche, nous mèneront par le bout du nez, nous créeront des désirs et nous épuiseront de toutes sortes de manières.
Alors, sommes-nous encore des bêtes de somme ? Sommes-nous des bêtes de somme parce que les pollutions mentales nous dominent ? Ont-elles mis un anneau autour de nos naseaux ? Quand nous en arrivons au point où nous n’en pouvons plus, nous devons nous arrêter ; nous arrêter et observer les pollutions mentales pour voir comment elles apparaissent, ce qu’elles veulent, de quoi elles se nourrissent, ce qu’elles aiment. Faites-en votre passe-temps favori : regardez les pollutions mentales et affamez-les, comme une personne qui se libère d’une accoutumance… Voyez si les pollutions mentales en sont perturbées. Sont-elles affamées au point de saliver ? Alors, ne les laissez pas manger. Quoi qu’il arrive, ne les laissez pas prendre cette drogue qu’elles désirent tant. Après tout, il y a beaucoup d’autres choses à manger. C’est ainsi que vous devez être dur avec elles, dur avec ce « moi ». « Tu as faim ? Eh bien, continue à avoir faim ! Tu vas mourir ? Très bien ! Tu peux mourir ! » Si vous parvenez à maintenir cette attitude, vous serez capable de vous libérer de toutes sortes d’accoutumances, toutes sortes de pollutions mentales, parce que vous n’êtes pas esclave du désir, vous ne nourrissez pas le désir qui se délecte des choses matérielles. Il est temps que vous arrêtiez, temps que vous cessiez de nourrir ces tendances. Si elles flétrissent et meurent, laissez-les mourir ! Après tout, pourquoi voudriez-vous qu’elles restent bien grasses et bien nourries ?
Quoi qu’il en soit, vous devez maintenir la pression sur vos désirs et vos pollutions mentales jusqu’à ce qu’ils s’épuisent et disparaissent. Ne les laissez pas redresser la tête, gardez-les sous votre emprise. Telle est la pratique claire et directe que vous devez suivre. Si vous êtes persévérant, si vous menez une lutte constante jusqu’à ce que toutes les pollutions aient disparu, ce sera la plus belle des victoires ; aucune victoire ne peut se comparer à la victoire sur les désirs et les pollutions de notre esprit et de notre cœur.
C’est pourquoi le Bouddha nous a appris à traquer les pollutions mentales dans toutes nos activités, que nous soyons assis, debout, en train de marcher ou couchés. Si nous ne le faisons pas, ce sont elles qui nous traqueront dans toutes nos activités…
Si vous observez les choses attentivement, vous verrez que les enseignements du Bouddha sont tous parfaitement exacts, aussi bien quand ils nous disent d’examiner la maladie des pollutions mentales que quand ils nous disent de lâcher, de détruire et d’éliminer ces pollutions. Toutes les étapes sont là, nous n’avons donc pas à aller étudier autre part. Tous les points de son enseignement nous montrent la voie ; inutile donc de nous demander comment faire pour examiner ces maladies et les éliminer. Cela devient mystérieux et compliqué seulement si vous étudiez ces enseignements sans faire le lien avec la libération de vos propres pollutions mentales. Les gens n’aiment pas parler de leurs propres pollutions et le résultat en est qu’ils restent complètement ignorants. Ils vieillissent et meurent sans rien savoir de leurs propres pollutions mentales.
Quand nous commençons à pratiquer, quand nous commençons à comprendre comment les pollutions mentales brûlent notre cœur, c’est là que nous en venons, peu à peu, à nous connaître nous-mêmes. Comprendre la souffrance et les pollutions mentales, et apprendre comment y mettre fin, nous donne de l’espace pour respirer…
Apprendre comment éteindre les feux des pollutions mentales, comment les éliminer, signifie que nous avons des outils. Nous pouvons avoir confiance en nous : pas de doutes, pas d’hésitations sur la voie de la pratique, parce que nous sommes sûrs de voir qu’en pratiquant ainsi, en contemplant l’impermanence, la souffrance et le non-soi de cette manière, à tout moment, nous sommes vraiment débarrassés de nos pollutions mentales.
Il en va de même pour la vertu, la concentration et la sagesse. Ce sont nos outils – et nous en avons bien besoin ! Nous avons besoin de la sagesse qui vient avec la vision juste des choses, et de la vertu qui vient avec l’autodiscipline. La vertu est très importante. La vertu et la sagesse sont comme notre main droite et notre main gauche. Si une de nos mains est sale, elle ne peut pas se laver toute seule. Il nous faut les deux mains pour avoir les deux mains lavées et propres. Ainsi, là où il y a vertu, il faut qu’il y ait sagesse ; là où il y a sagesse, il faut qu’il y ait vertu. La sagesse est ce qui vous permet de prendre conscience, tandis que la vertu est ce qui vous permet de lâcher prise, d’abandonner, de détruire vos dépendances. La vertu, ce n’est pas seulement suivre cinq ou huit préceptes, vous savez. Elle doit être à l’œuvre dans les moindres détails. A chaque fois que votre discernement, votre sagesse, vous indique qu’une chose est cause de souffrance, vous devez vous arrêter, vous devez lâcher cette chose.
La vertu peut s’affiner et se préciser. Lâcher prise, abandonner, renoncer, s’abstenir, couper et détruire : tout cela est affaire de vertu. C’est la raison pour laquelle vertu et sagesse doivent aller de pair, exactement comme notre main droite et notre main gauche doivent s’entraider. Elles s’entraident à laver définitivement les pollutions mentales. C’est alors que notre esprit peut devenir centré, clair et lumineux. Les bienfaits de ce travail se manifestent au niveau de l’esprit. Si nous n’avons pas ces outils, c’est comme si nous n’avions ni mains ni pieds : nous ne pourrions arriver à rien. Nous devons utiliser ces outils, vertu et sagesse, pour détruire les pollutions mentales. C’est alors que notre esprit en bénéficiera.
C’est pour cette raison que le Bouddha nous a enseigné à nous entraîner constamment à développer la vertu, la concentration et la sagesse. Nous devons garder la forme en nous entraînant ainsi. Si nous ne maintenons pas l’entraînement comme nous le devrions, nos outils pour éradiquer la souffrance et les pollutions mentales ne seront pas aiguisés, ils ne serviront pas à grand-chose. Ils ne pourront pas se mesurer aux pollutions de l’esprit. Celles-ci ont des pouvoirs monstrueux pour dévaster l’esprit en un clin d’œil. Imaginons une situation où notre esprit est calme et neutre : le plus petit contact sensoriel peut y allumer un véritable incendie instantanément, pour peu que ce contact éveille une grande joie ou un grand mécontentement. Pourquoi ?
Les contacts sensoriels sont le moyen d’évaluer la fermeté ou la faiblesse de notre attention. La plupart du temps, ils sont perturbants. Dès qu’un contact s’établit par les yeux ou les oreilles, les pollutions mentales se précipitent. Dès lors, comment garder le contrôle de la situation ? Comment allons-nous obtenir le contrôle de nos yeux ? Comment obtenir le contrôle de nos oreilles, de notre nez, de notre langue, de notre corps et de notre mental ? Comment faire pour qu’ils soient gardés par l’attention et la sagesse ? C’est purement et simplement une question de pratique. C’est notre tâche : nous mettre à l’épreuve en voyant comment et pourquoi les pollutions mentales s’enflamment si vite quand un contact sensoriel se produit.
Imaginons, par exemple, que vous entendiez quelqu’un critiquer quelqu’un d’autre : vous l’écoutez sans être perturbé ; mais si vous réalisez soudain que c’est de vous qu’il s’agit, cela éveille un fort sentiment de « moi » et vous êtes aussitôt furieux et fâché. Si vous mobilisez beaucoup de ce « moi », vous pouvez être très indigné. Ce simple fait devrait nous permettre d’observer que, dès que notre moi est concerné, nous souffrons. C’est ainsi que cela se passe. Si aucun sentiment de « moi » n’intervient, nous pouvons rester calmes et indifférents. Quand nous entendons critiquer les autres, nous pouvons très bien rester indifférents mais, dès que nous pensons qu’il s’agit de nous, notre moi apparaît, il s’investit totalement… et nous brûlons aussitôt sous l’effet des pollutions mentales. Pourquoi ?
Nous devons étudier cela de près ; voir que, dès que notre « moi » s’éveille, la souffrance apparaît instantanément. Voyez qu’il se passe la même chose même si vous ne faites que penser : le « moi » que vous réveillez par la pensée se diffuse dans toutes sortes de problèmes. L’esprit s’éparpille partout avec les pollutions mentales, les désirs et les attachements. Il y a très peu d’attention et de discernement pour veiller sur lui, de sorte qu’il se laisse entraîner dans toutes les directions par le désir et les pollutions mentales.
Et pourtant, nous ne voyons rien. Nous croyons que nous allons très bien. Y a-t-il une personne parmi nous qui réalise ce qui se passe ? Nous sommes trop alourdis, alourdis par notre mauvaise compréhension de la réalité. Notre esprit a beau être tourmenté par la pollution de l’ignorance, nous ne le voyons pas car cette pollution nous rend sourds et aveugles…
Il n’y a pas d’outils matériels pour détecter ou soigner cette maladie des pollutions mentales parce qu’elle n’apparaît qu’avec le contact sensoriel. Elle n’a pas de substance réelle. C’est comme une allumette dans une boîte. Tant qu’elle n’est pas frottée sur le côté de la boîte, elle ne s’enflamme pas. Mais dès qu’on la frotte, elle prend feu. Si elle s’éteint tout de suite, tout ce qui aura brûlé sera la pointe de l’allumette. Si la flamme ne s’arrête pas à la pointe, elle brûlera toute l’allumette. Si elle ne s’arrête pas à l’allumette et qu’elle entre en contact avec quelque chose d’inflammable, elle peut créer un énorme incendie.
Quand une pollution apparaît dans l’esprit, elle commence au plus léger contact. Si nous parvenons à l’arrêter tout de suite, c’est comme frotter une allumette : elle s’enflamme une seconde et puis s’éteint tout de suite. La pollution mentale peut se dissiper ici même. Mais si nous ne l’éteignons pas à l’instant même où elle apparaît et que nous la laissons échafauder des problèmes, c’est comme jeter de l’huile sur le feu.
Il faut que nous observions les maladies que causent les pollutions dans notre esprit pour en connaître les symptômes et voir pourquoi elles s’enflamment aussi vite. Elles ne supportent pas d’être échauffées. Dès l’instant où vous les échauffez, elles s’enflamment. Dans ce cas, que pouvons-nous faire pour nous y préparer ? Comment emmagasiner de l’attention avant que les contacts sensoriels ne frappent ?
Pour emmagasiner de l’attention, il faut pratiquer la méditation, comme lorsque nous sommes attentifs à la respiration. C’est ce qui prépare notre attention et nous permet d’avoir une longueur d’avance sur les pollutions mentales, d’éviter qu’elles apparaissent tant que nous avons notre sujet de méditation comme protection intérieure de l’esprit.
La protection extérieure de l’esprit, c’est le corps qui se compose d’éléments physiques mais sa protection intérieure, c’est le sujet de méditation que nous utilisons pour entraîner l’attention à être concentrée et présente. Quel que soit notre sujet de méditation, c’est lui qui est la protection intérieure de l’esprit, celle qui lui évite de vagabonder, de fabriquer des pensées et des images. C’est pourquoi nous avons besoin d’un sujet de méditation. Ne laissez pas l’esprit courir après ses préoccupations comme le font les gens qui ne méditent pas. Une fois que nous avons un sujet de méditation pour piéger cet esprit vagabond, pour qu’il soit de moins en moins obstiné, il se calmera jour après jour jusqu’à pouvoir rester stable pendant des périodes de temps plus ou moins longues selon comment nous nous entraînons et nous nous observons.

Parlons maintenant de la façon de pratiquer la méditation sur le souffle. Les textes disent de commencer par inspirer et expirer longuement, fort ou légèrement ; puis d’inspirer et expirer brièvement, à nouveau fort ou légèrement. Ce sont les premières étapes de l’entraînement. Ensuite, vous n’avez plus à vous concentrer sur la longueur de l’inspiration et de l’expiration ; vous centrez simplement votre attention sur un point du parcours de la respiration et la maintenez là jusqu’à ce que l’esprit se pose et s’immobilise. Quand l’esprit est immobile, vous vous concentrez sur cette immobilité en même temps que vous restez conscient de la respiration.
A ce moment-là, vous ne vous concentrez pas directement sur la respiration. Vous vous concentrez sur l’esprit dans son état d’immobilité et de normalité. Vous vous concentrez en continu sur la normalité de l’esprit tout en étant conscient que l’air continue à entrer et sortir mais sans vous fixer dessus. Vous restez simplement attentif à votre esprit mais vous l’observez avec chaque inspiration et chaque expiration. D’habitude, quand vous avez une activité physique et que votre esprit est dans un état normal, vous pouvez très bien savoir ce que vous faites, alors pourquoi ne pourriez-vous pas être conscient de la respiration ? Après tout, elle fait partie de votre corps.
Pour certains d’entre vous, tout cela est nouveau, c’est pourquoi vous ne savez pas comment on peut se concentrer sur l’esprit dans son état de normalité avec chaque inspiration et chaque expiration sans se concentrer directement sur la respiration elle-même. Ce que nous faisons ici, c’est pratiquer comment être conscient du corps et de l’esprit en eux-mêmes et par eux-mêmes, purement et simplement…
Commencez par vous concentrer sur la respiration pendant cinq, dix ou vingt minutes. Respirez longuement ou brièvement. En même temps, remarquez les étapes par lesquelles passe l’esprit : comment il commence à s’apaiser quand l’attention est centrée sur la respiration. Il faut que vous soyez déterminé à observer cela parce que, d’ordinaire, les gens respirent machinalement sans y accorder la moindre attention. Ils ne se concentrent pas sur la respiration, ils n’en sont pas vraiment conscients. Ceci nous porte à croire qu’il est difficile de rester concentré dessus mais, en réalité, c’est très simple. Après tout, l’air entre et sort de lui-même tout naturellement. Il n’y a rien de difficile dans la respiration, contrairement à certains autres sujets de méditation. Par exemple, si vous pratiquez l’évocation du Bouddha – c’est-à-dire le mantra bouddho –, vous devez répéter boudho, boudho, boudho.
En fait, si vous le souhaitez, vous pouvez répéter bouddho intérieurement avec chaque inspiration et expiration mais seulement dans les premiers temps de la pratique. On répète bouddho pour empêcher que l’esprit ne fabrique toutes sortes de pensées. Simplement en maintenant cette répétition, on peut affaiblir les tendances de l’esprit à s’évader car l’esprit ne peut faire qu’une seule chose à la fois. C’est quelque chose que vous devez observer. La répétition permet d’empêcher l’esprit de fabriquer des pensées et de s’envoler avec elles.
Après avoir maintenu la répétition de ce mot –inutile de compter le nombre de fois – l’esprit va se calmer et prendre conscience de la respiration à chaque inspiration et chaque expiration. Il va commencer à être immobile, neutre, dans son état de normalité.
C’est alors que vous devez vous concentrer sur l’esprit au lieu de la respiration. Lâchez la respiration et concentrez-vous sur l’esprit – tout en restant conscient, en parallèle, de la respiration. Il n’est pas nécessaire de noter si la respiration est courte ou longue. Notez plutôt si l’esprit reste bien dans un état de normalité avec chaque inspiration et chaque expiration. Souvenez-vous bien de ces instructions pour pouvoir les mettre en pratique.


Source : Bouddhisme au féminin n° 8  :  Traduction Jeanne Schut- Extrait de Pure et Simple (publié sur le Site Dhamma de la forêt)

mardi 3 décembre 2013

Upasika Kee Nanayon : Une laïque birmane devenue un maitre éminent dans la tradition Theravada

Nous avons présenté Upasika Kee Nanayon dans le numéro 8 du magazine. 

Jeanne Schut vient de traduire en français un recueil de ses enseignements en gardant le même beau titre que la version anglaise : Pure et Simple






Upasika Kee Nanayon a été la plus éminente enseignante femme du XXème siècle en Thaïlande. Née en 1901 dans la famille d'un marchand chinois de Rajburi, une ville à l'ouest de Bangkok, elle était l'aînée de cinq enfants – ou, si l'on inclut les enfants de la seconde femme de son père, l'aînée de huit. 

Sa mère était une femme pieuse et lui enseigna très tôt les rudiments de la pratique bouddhiste comme les chants du soir et les observances des préceptes. Elle décrivit plus tard comment, à l'âge de six ans, elle fut rempli d'une telle peur et d'une telle répugnance devant les souffrances de sa mère durant la grossesse et la naissance de l'un de ses frères et soeurs qu'en voyant le nouveau né pour la première fois – dormant paisiblement, une petite chose rouge avec des cheveux très noirs – elle s'enfuit de la maison pendant trois jours. Cette expérience, ajoutée à l'angoisse qu'elle dut ressentir quand ses parents se séparèrent, représenta sans doute l'un des éléments qui jouèrent dans la décision qu'elle prit quand elle était encore jeune, de ne jamais se soumettre à ce qu'elle regardait comme l'esclavage du mariage. 

  Durant son adolescence, elle s'occupa d'un petit magasin pour aider son père alors âgé et consacra tout son temps libre à des ouvrages sur le dhamma et à la méditation. Sa méditation progressait suffisamment pour qu'elle en arrive à enseigner à son père la méditation avec d'assez bon résultats durant la dernière année de sa vie. Après la mort de celui-ci, elle poursuivit son travail au magasin avec la pensée d'économiser suffisamment d'argent pour pouvoir vivre le reste de sa vie dans un lieu retiré et se dédier tout entière à la pratique. 

Sa tante et son oncle, qui étaient également intéressés par le dhamma avaient leur petite maison près d'une colline boisée où elle se rendait souvent pour pratiquer. Après la guerre, en 1945, elle transmit son magasin à une sœur plus jeune, rejoignit sa tante et son oncle sur la colline où ils commencèrent une vie entièrement consacrée à la méditation, devenant upasaka et upasika – disciples laïcs (homme et femme) du Bouddha – Leur lieu de pratique était un monastère abandonné qui devint par la suite le noyau d'un centre de pratique pour femmes qui s'est développé jusqu'à nos jours. 

Au début, de petits groupes d'amis et de parents leur rendaient visite de temps à autre pour les soutenir et écouter les causeries sur le dhamma de Upasika Kee. Comme le bruit se répandit du haut niveau de ses enseignements et de sa pratique, de plus en plus de monde vint la voir et de plus en plus de femmes se joignirent à la communanuté. Plusieurs de ses disciples décidèrent de prendre la robe de nonne (simple ordination de novice à 8 préceptes - voir à ce sujet l'article dans le n° 3 du magazine), elle-même choisit de rester une laïque consacrée (upasika) toute sa vie. 

 Elle laissa derrière elle de nombreuses causeries enregistrées ainsi que de la poésie qui furent imprimés et largement distribués, contribuant à la faire connaître comme l'un des enseignants du Dhamma – homme ou femme - les plus connus de Thaïlande. 

 Upasika Kee est un genre d'autodidacte. Bien qu'elle ait collecté les rudiments de la pratique de la méditation durant ses fréquentes visites à des monastères durant sa jeunesse, elle pratiqua principalement seule, sans étude formelle auprès d'un enseignant. La plupart de ses causeries sont basées sur des textes – le canon pâli et des œuvres d'enseignants contemporains – mais qui ont été testés au creuset de sa propre honnêteté incessante. 

Elle a quitté ce monde paisiblement en 1978 en laissant le centre à un comité choisi parmi ses membres.